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Berlioz : une initiation discographique |
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Il est toujours périlleux d’établir une discographie précise et pratique de l’œuvre d’un compositeur, tant la rapidité d’apparition et de disparition des enregistrements rend leur recension difficile ; tant, également, les multiples éditions, rééditions et compilations, agrémentées des couplages les plus divers et des changements de marque, font du paysage discographique l’un des plus mouvants qui soient. Sans oublier les possibilités du téléchargement de fichiers numériques. Nous indiquons malgré tout ici quelques versions qui nous paraissent recommandables pour s’initier par le disque à la musique de Berlioz, sachant qu’il est impossible de s’en tenir à une seule version pour chacune des œuvres choisies. |
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Symphonies |
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Symphonie
fantastique
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Boston Symphony Orchestra, dir. Charles Munch
(1962). Un enregistrement
adolescent : fébrile, rêveur,
fiévreux.
- London Symphony Orchestra, dir. Colin Davis
(1963). Un classique
entre les classiques. Apollon et Dionysos
réunis.
- London Classical Players, dir. Roger Norrington
(1989). La première
version enregistrée sur instruments
historiques.
-
Les Siècles, dir. François-Xavier
Roth (2019). Les
couleurs et la rugosité des instruments
anciens mariés à une connaissance
intime de Berlioz, avec une prise de son qui
favorise toutefois les cordes (et en complément
de programme une Ouverture
des Francs-Juges la plus gothique qui
soit !).
-
avec Lélio ou le Retour à
la vie : Jean-Louis Barrault, John
Mitchinson, John Shirley-Quirk, London Symphony
Orchestra & Chorus, dir. Pierre Boulez
(1967). Implacable
et explosif.
- DVD :
avec l'Ouverture du Corsaire, Cléopâtre
et des extraits des Troyens :
Lucile Richardot, Orchestre révolutionnaire
et romantique, dir. John Eliot Gardiner (2019)
Une version sur
instruments historiques plus convaincantes
que le premier enregistrement de Gardiner,
et dans Cléopâtre
une impressionnante tragédienne. |
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Harold
en Italie
-
Nobuko Imaï, alto ; London Symphony Orchestra,
dir. Colin Davis (1975). De
la mélancolie et de la fureur : idéal.
- William Lincer,
alto ; New York Philharmonic, dir. Leonard
Bernstein (1962). Un
Bernstein beaucoup plus scrupuleux que ce
que laisserait imaginer sa (fausse) réputation. |
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Roméo
et Juliette
-
Florence Quivar, Alberto Cupido, Tom Krause,
Chœur et Orchestre symphonique de Montréal,
dir. Charles Dutoit (1986). Un
orchestre magnifique, superbement enregistré.
- Catherine Robbin,
Jean-Paul Fouchécourt, Gilles Cachemaille,
Monteverdi Choir, Orchestre révolutionnaire
et romantique, dir. John Eliot Gardiner (1998).
Une version sur
instruments d'époque, qui permet en
outre d'entendre différents états
de la partition. |
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Symphonie
funèbre et triomphale
- John Alldis Choir,
London Symphony Orchestra, dir. Colin Davis
(1970). Une stèle
monumentale ornée de saisissants bas-reliefs. |
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Œuvres sacrées
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Messe
solennelle
- Donna Brown, Jean-Luc
Viala, Gilles Cachemaille, Monteverdi Choir,
Orchestre révolutionnaire et romantique,
dir. John Eliot Gardiner (1993). L’enregistrement
historique d’une partition miraculée.
- Adriana
Gonzalez, Julien Behr, Andreas Wolf, Le Concert
spirituel, dir. Hervé Niquet (2019).
Beaucoup de chaleur
et de mouvement dramatique.
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Requiem
-
Ronald Dowd, London Symphony Orchestra &
Chorus, dir. Colin Davis (1969). Architectural,
rayonnant, épileptique.
-
Robert Murray, Chœur philharmonique de Wroclaw,
Gabrieli Consorts & Players, Orchestre
philharmonique de Wroclaw, Chetham's School
of Music Symphonic Brass Ensemble, dir. Paul
McCresh (2010). Sur
instruments d'époque, avec la prononciation
du latin idoine. Fiévreux et saisissant.
-
DVD : Michael Spyres, London Philharmonic
Choir, Philharmonia Chorus & Orchestra,
dir. John Nelson (2019). Enregistrés
le 8 mars 2019 à la cathédrale
Saint-Paul de Londres, un DVD et un CD d'une
ferveur magnifique.
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Te
Deum
- Roberto Alagna, Chœur
& Orchestre de Paris, dir. John Nelson
(2001). Une version
sans faille, avec les deux mouvements instrumentaux
facultatifs.
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L’Enfance
du Christ
-
Peter Pears, Elsie Morison, Joseph Rouleau,
English Chamber Orchestra, dir. Colin Davis
(1961). Une transparence
incomparable.
- Nicolai Gedda, Victoria de Los Angeles,
Ernest Blanc, Roger Soyer, Orchestre de la
Société des concerts du conservatoire,
dir. André Cluytens (1966). Du
naturel et de la clarté.
- Paul Agnew, Véronique
Gens, Laurent Naouri, Frédéric
Caton, La Chapelle royale, dir. Philippe Herreweghe
(1997). Sur instruments
anciens, avec des voix idéalement choisies.
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Opéras |
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Benvenuto
Cellini
-
Nicolaï Gedda, Christiane Eda-Pierre,
Jane Berbié, Jules Bastin, Robert Massard,
Roger Soyer, Chœur de Covent Garden,
BBC Symphony Orchestra, dir. Colin Davis (1972).
Musicologiquement
insatisfaisante (elle fait de Benvenuto un
opéra-comique !), une version irrésistible
d’élan, de verve, de couleur.
- Gregory Kunde, Patrizia Ciofi, Joyce DiDonato,
Laurent Naouri, Jean-François Lapointe,
Renaud Delaigue, Chœur de Radio France,
Orchestre national de France, dir. John Nelson
(2004). La version
qui s’impose, musicologiquement, bien
qu’elle soit moins engagée que
la précédente.
-
DVD : Michael Spyres, Sophia Burgos,
Adèle Charvet, Maurizio Muraro, Lionel
Lhote, Tareq Nazmi, Monteverdi Choir, Orchestre
révolutionnaire et romantique, dir.
John Eliot Gardiner (2019). Des
choix musicologiques personnels, un chœur
et un orchestre à la fête, et
une distribution emmenée par le seul
ténor qui aujourd'hui puisse chanter
Cellini, Faust, Énée, Lélio
et le Requiem. |
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Les
Troyens
-
Berit Lindholm, Josephine Veasey, Jon Vickers,
Chœur et Orchestre de Covent Garden,
dir. Colin Davis (1969). Enregistrée
dans la foulée des représentations
de Covent Garden, une version historique avec
l’Énée surhumain de Jon
Vickers.
- Petra Lang, Michelle DeYoung, Ben Heppner,
London Symphony Orchestra & Chorus, dir.
Colin Davis (2001). Une
lecture plus mûrie que la précédente,
avec une distribution maîtrisant mieux
le français.
-
Marie-Nicole Lemieux, Joyce DiDonato, Michael
Spyres, Chœurs de l'Opéra national
du Rhin, Badischer Staatsopernchor, Chœur
et Orchestre philharmonique de Strasbourg,
dir. John Nelson (2017).
La direction souple et lyrique de Nelson,
trois chanteurs hors norme et une pléiade
de chanteurs français survoltés.
- DVD : Anna Caterina Antonacci,
Susan Graham, Gregory Kunde, Chœur du
Châtelet, Orchestre révolutionnaire
et romantique, dir. John Eliot Gardiner (2003).
Les Troyens du
centenaire, avec une Antonacci brûlante
et un orchestre idéal.
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Béatrice
et Bénédict
- Susan Graham, Jean-Luc
Viala, Sylvia McNair, Chœur et Orchestre
de l’Opéra de Lyon, dir. John
Nelson (1992). Une
version musicalement séduisante, avec
l’intégralité des dialogues. |
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Autres œuvres avec chant |
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Lélio
ou le Retour à la vie
- Lambert Wilson, Richard
Clement, Gordon Gietz, Philippe Rouillon,
Chœur et Orchestre symphonique de Montréal,
dir. Charles Dutoit (2001). Apollinien.
Voir aussi Symphonie fantastique. |
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La
Damnation de Faust
-
Georges Jouatte, Mona Laurena, Paul Cabanel,
dir. Jean Fournet (1943). Un
vibrant enregistrement avec les héritiers
d’une grande époque du chant
français.
- Nicolaï Gedda, Josephine Veasey, Jules
Bastin, London Symphony Orchestra & Chorus,
dir. Colin Davis (1973). Une
version où se conjuguent l’intelligence
et l’instinct, entre méditation
et engagement.
-
Michael Spyres, Joyce DiDonato, Nicolas Courjal,
Coro Gulbenkian, Petits Chanteurs de Strasbourg,
Orchestre philharmonique de Strasbourg, dir.
John Nelson (2019). Une
distribution de luxe, une direction lyrique.
-
DVD : Mathias Vidal, Anna Caterina Antonacci,
Nicolas Courjal, Chœur Marguerite Louise,
Les Siècles, dir. François-Xavier
Roth (2018). Malgré
un Faust pâlot, la vigueur des instruments
anciens et la direction acérée
de Roth. |
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Huit
Scènes de Faust
- Susan Graham, Susanne
Mentzner, John Mark Ainsley, Philip Cokorinos,
Orchestre symphonique de Montréal,
dir. Charles Dutoit (2003). L’enregistrement
soigné d’une œuvre composée
pour l’esprit. |
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Cantates
-
La Mort d’Orphée, Herminie, Cléopâtre,
La Mort de Sardanapale. Michèle Lagrange,
Béatrice Uria-Monzon, Daniel Galvez-Vallejo,
Orchestre national de Lille, dir. Jean-Claude
Casadesus (1996). Les
quatre cantates du prix de Rome ensemble :
une première, qui n’a jamais
été tentée par la suite.
- Herminie : Mireille Delunsch, la Chapelle
royale, dir. Philippe Herreweghe (1995). Irrésistible.
Aurélia Legay, Mahler Chamber Orchestra,
Les Musiciens du Louvre, dir. Marc Minkowski
(2003). A peine
moins irrésistible.
- Cléopâtre : Anne Pashley, English
Chamber Orchestra, dir. Colin Davis (1963).
Une voix un peu
métallique, un orchestre en feu.
- La Révolution
grecque, Le Cinq-Mai, L’Impériale
(+ La Mort d’Orphée). Gérard
Garino, Ruud van der Meer, Lieuwe Visser,
Chœur et Orchestre de la radio néerlandaise,
dir. Jean Fournet (1988). Une
flamme et une rigueur incomparables. |
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Les
Nuits d’été
a)
par plusieurs voix :
Sheila Armstrong, Josephine Veasey, Frank
Patterson, John Shirley Quirk, London Symphony
Orchestra, dir. Colin Davis (1969). Une
diction soignée, des couleurs orchestrales
inouïes.
b) par une seule voix
:
Susan Graham, Orchestre de Covent Garden,
dir. John Nelson (1997). Une
voix magnifique, un orchestre en léger
retrait.
Brigitte Balleys, La Chapelle royale, dir.
Philippe Herreweghe (1995). Un
équilibre presque idéal.
Bernarda Fink, Deutsches Symphonie Orchester
Berlin, dir. Kent Nagano (2007). Un
bijou de couleur et de sensibilité
qui n’excuse pas l’attentat dont
s’est rendu coupable Nagano en 2015
contre Berlioz (la commande d’une version
abrégée des Troyens à
Pascal Dusapin). |
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Autres
mélodies
a)
avec orchestre :
La belle voyageuse, Le jeune pâtre breton,
La Captive, Le Chasseur danois, Zaïde
: Sheila Armstrong, Josephine Veasey, Frank
Patterson, John Shirley Quirk, London Symphony
Orchestra, dir. Colin Davis (1969). Une
diction soignée, des couleurs orchestrales
inouïes.
b) avec piano :
Irlande : April Cantelo, Helen Watts, Robert
Tear, Richard Salter, Monteverdi Choir, dir.
John Eliot Gardiner (1968). Le
témoignage d’un chef de chœur
devenu par la suite un grand chef d’orchestre. |
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Tristia
- London Symphony Orchestra
& Chorus, dir. Colin Davis (1969-1982).
On peut difficilement
imaginer plus poignant. |
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Ouvertures
-
London Symphony Orchestra, dir. Colin Davis
(1965). De la fougue
et de la nostalgie.
- Scottish National Orchestra, dir. Alexander
Gibson (1982). Un
peu plus de fougue que de nostalgie.
- Orchestre symphonique
de Montréal, dir. Charles Dutoit (1997).
Un peu moins de
fougue que de nostalgie. |
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Anthologies
et fausses intégrales
Sont parus ou reparus en 2019 une
série de coffrets regroupant des enregistrements
effectués par des chefs ayant marqué
la discographie berliozienne (« Charles
Munch conducts Berlioz », « Berlioz
Odyssey » par Davis, « Berlioz
rediscovered » par Gardiner, etc.) ;
les enregistrements de certaines œuvres déparant
la cohérence de ces coffrets, nous
ne les recommanderons pas. De même,
l'ensemble de 27 CD publié par Warner
sous le titre fantaisiste « The
complete works » n'est qu'une fausse
intégrale, par ailleurs faite de bric
et de broc : certes, on y trouve la plupart
des enregistrements de John Nelson (dont les
trois opéras), mais il vaut mieux se
les procurer séparément pour
ne pas devoir supporter la Symphonie funèbre
et triomphale par Désiré
Dondeyne ou Lélio avec Jean
Topart. |
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Berlioz en quatre mouvements |
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1) pour s’embarquer
:
- Symphonie fantastique : dir. Colin
Davis (1963) ou François-Xavier
Roth (2019).
2)
pour aller plus au large :
- Requiem : dir. Paul McCreesh ou
Colin Davis (1969).
- La Damnation de Faust : dir. Colin
Davis (1973) ou John
Nelson (2019).
3)
pour vivre l’aventure :
- Roméo et Juliette : dir.
John Eliot Gardiner (1993).
- Harold en Italie : dir. Colin Davis
(1975).
-
Les Troyens :
dir. John Eliot Gardiner (DVD, 2003).
4)
pour faire le grand voyage :
- Benvenuto Cellini : dir. John Nelson
(2004).
- L'Enfance du Christ
: dir. Philippe Herreweghe (1997).
- Béatrice et Bénédict
: dir. John Nelson (1992).
- Symphonie fantastique + Lélio
ou le Retour à la vie : dir. Pierre
Boulez (1967). Ou Symphonie
fantastique + Ouverture du Corsaire, Cléopâtre
et extraits des Troyens :
dir. John Eliot Gardiner (DVD, 2019).
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Sélection
effectuée par Christian Wasselin (octobre
2020). |
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