Hector Berlioz naît le 11 décembre 1803 à La Côte-Saint-André, petite ville située entre Lyon et Grenoble. Son père est médecin et le destine à la même carrière ; il se charge lui-même de lui enseigner ce qu’il estime devoir être le bagage scientifique, littéraire et artistique d’un enfant de bonne famille. Le jeune Hector reçoit ainsi une éducation humaniste où l’étude de la poésie latine, de la littérature, de la science et de la musique tient sa part. Il étudie la flûte et la guitare, commence à composer des romances. L’Énéide de Virgile et un premier amour pour une jeune fille prénommée Estelle (qui a cinq ans de plus que lui) s’ajoutent à sa passion naissante pour la musique et marqueront à jamais son imagination
Berlioz arrive à Paris en 1821 et s’inscrit à la faculté de médecine. Mais il abandonne très vite ses études après avoir subi une révélation en assistant à des représentations des Danaïdes de Salieri et d’Iphigénie en Tauride de Gluck à l’Opéra. Après Gluck, qui restera l’un de ses dieux, il découvre Weber mais aussi Byron et le Faust de Goethe. Ses partitions ultérieures se souviendront de ces enthousiasmes successifs. Shakespeare lui apparaît à l’Odéon en 1827 sous les traits d’une comédienne irlandaise, Harriet Smithson, qui joue Ophelia dans Hamlet et Juliet dans Roméo et Juliette ; c’est le début d’un amour ardent qui connaîtra bien des péripéties. Il découvre Beethoven grâce au chef d’orchestre Habeneck, qui révèle les symphonies au public parisien à partir de 1828.
D’abord élève particulier de Lesueur, Berlioz s’inscrit au Conservatoire en 1826. C’est l’époque de la Messe solennelle (jouée en 1825 et 1827, réputée perdue puis retrouvée en 1991) de l’opéra Les Francs-Juges (dont il ne nous reste que des fragments) et de nombreuses autres partitions, perdues pour certaines d’entre elles. Qui dit Conservatoire, dit Concours de Rome. Mais Berlioz innove et les jurys se cabrent. Malgré la beauté des cantates La Mort d’Orphée (1827), Herminie (1828) et Cléopâtre (1829), le premier grand prix de Rome ne lui sera attribué qu’en 1830. Cette année est aussi celle des Neuf Mélodies irlandaises (rebaptisées plus tard Irlande), de la Symphonie fantastique (créée le 5 décembre 1830) et de l’amitié naissante avec Liszt.
Berlioz, épisodiquement fiancé à la pianiste Camille Moke, part pour l’Italie en 1831 et séjourne à la Villa Médicis, siège de l’Académie de France à Rome ; en réalité, il fuit dès qu’il le peut sa « caserne académique » et fait de longues escapades, une guitare dans une main, un fusil dans l’autre, dans l’« Italie sauvage ». Il y compose peu (Le Retour à la vie,les ouvertures du Roi Lear et de Rob Roy, la mélodie La Captive...) mais ramène une moisson d’impressions poétiques qu’on retrouvera dans nombre de ses partitions à venir.
Les années qui suivent sont celles d’un premier mariage (avec la comédienne Harriet Smithson, qui lui donnera un fils, Louis, en 1834) et de ses débuts dans la carrière de journaliste (à la Revue et Gazette musicale,au Journal des débats) qu’il poursuivra jusqu’en 1863. Car un musicien à cette époque, s’il n’est pas un virtuose (du piano, du violon, du chant) ou s’il ne remporte pas des succès durables de compositeur à l’Opéra ou à l’Opéra Comique, peut difficilement prétendre vivre de son art. A la symphonie avec alto principal Harold en Italie (1834) succèdent deux commandes du gouvernement de Louis-Philippe (le Requiem en 1837, la Symphonie funèbre et triomphale en 1840), l’opéra Benvenuto Cellini (1838), la symphonie dramatique Roméo et Juliette (1839), le cycle de mélodies Les Nuits d’été écrit sur des poèmes de Théophile Gautier, etc.
Mais Berlioz n’arrive pas à s’imposer à Paris, notamment comme compositeur d’opéra. Figure parisienne flamboyante, il donne à sa carrière un profil européen que ses passions musicales et littéraires, déjà, avaient esquissé. Il commence en 1842 à sillonner les grandes villes musicales d’Europe avec la jeune chanteuse Marie Recio, qui deviendra plus tard sa seconde épouse après la mort d’Harriet (1854). En Allemagne, en Autriche, en Bohême, en Hongrie, en Russie, Berlioz rencontre un vif succès. Il croit le moment venu de retenter sa chance auprès du public parisien. Mais l’échec public de La Damnation de Faust à l’Opéra Comique (1846) le blesse profondément. Il faudra attendre les succès de L’Enfance du Christ (1854) puis du Te Deum (1855), créé lors de l’Exposition universelle, pour que Berlioz, de nouveau, envisage de donner un grand ouvrage à Paris : ce sera Les Troyens.
Journaliste, écrivain, Berlioz publie par ailleurs différents ouvrages dont, en 1844, un Traité d’instrumentation ; et commence en 1848, à Londres, la rédaction de ses Mémoires, l’un des livres les plus beaux et les plus divers de toute la littérature française.
Berlioz continue de voyager sans cesse, de Saint-Pétersbourg à Londres. A Weimar, où s’est installé son ami Liszt, il est le héros de plusieurs « Semaines Berlioz ». C’est là que la princesse Carolyne Sayn-Wittgenstein l’encourage à composer Les Troyens, dont il hésite à entreprendre la composition tout en souhaitant secrètement se lancer. Il s’y met sérieusement à partir de 1856. LesTroyens, vaste partition inspirée de Virgile, est une manière de retour à ses premières passions poétiques. Mais l’ouvrage, achevé en 1858 et refusé par l’Opéra, finit par être accepté en 1863 par le Théâtre-Lyrique, où il sera coupé en deux opéras distincts à la demande du directeur, Léon Carvalho. Seul le second de ces deux opéras, Les Troyens à Carthage (qui correspondent aux actes III à V de l’opéra original), sera représenté, mais au prix de bien des mutilations.
La dernière œuvre d’envergure de Berlioz, l’opéra-comique Béatrice et Bénédict, ultime hommage à Shakespeare, est créée à Bade, en Allemagne, en 1862 (année de la mort de sa seconde épouse).
Les dernières années de la vie de Berlioz sont consacrées à d’ultimes voyages et à ce qu’on peut appeler « le retour à Estelle », un demi-siècle après l’éblouissement qu’il a connu au cours de son adolescence. La mort de son fils unique, Louis, en 1867, est une ultime épreuve pour le musicien, qui meurt à Paris le 8 mars 1869.
Il repose dans ce musée romantique à ciel ouvert qui a nom cimetière Montmartre.